Déréférencement Google : comment l'obtenir ?

Temps de lecture : 5 minutes
Par : Antonin Y.
Mis à jour le 16/03/2023

Qu'est-ce que le droit au déréférencement ?

Le droit au déréférencement est le droit de demander à moteur de recherche de supprimer certains résultats de recherche associés au nom et prénom d'une personne.

La Cour de justice européenne a reconnu l'existence de ce droit dans un arrêt "Google Spain" du 13 mai 2014. Le RGPD a ensuite consacré le droit au référencement sur le fondement du droit d'opposition au traitement des données personnelles. Le Conseil d'Etat a fixé les limites et la procédure notamment dans plusieurs arrêts de 2019.

Attention : La suppression ne permet pas d'effacer l’information sur le site internet référencé par Google. La page originale (par ex. un article de journal en ligne) demeure ainsi accessible. Un internaute peut donc accéder au contenu en utilisant d’autres critères de recherche sur Google. Il peut également accéder directement à la page grace à son URL. 

Pour supprimer l'information sur le site original, il convient de faire une demande d'effacement au responsable du site internet en question. 

déréférencement

Comment demander le déréférencement à Google ?

Remplir un formulaire

Toute personne peut demander à Google de déréférencer un résultat qui lui serait préjudiciable. Dans un premier temps, il convient de remplir le formulaire proposé par le moteur de recherche.

    Envoyer un courrier à la société explotant le moteur de recherche

    Il est également possible (au choix) d'écrire un courrier directement à Google. Idéalement, il convient d'adresser un courrier recommandé avec avis de réception. au siège social de la société Google France SARL à ce jour situé à l'adresse : 8 rue de Londres - 75009 Paris.

    Afin que la demande soit prise en compte, il faut préciser l’adresse web (URL) du résultat faisant l’objet de la demande de déréférencement. Il faut également indiquer les raisons motivant cette demande et joindre tous les éléments nécessaires.

    Google dispose d'un délai d'un mois pour traiter la demande, sauf complexité particulière de la demande.

    Attention :  Si Google à des doutes raisonnables sur l'identité du requérant, il peut solliciter tout document permettant de prouver son identité. Cela permet d'éviter les usurpations d'identité. En revanche, il ne peut pas vous demander des pièces justificatives qui seraient abusives, non pertinentes et disproportionnées par rapport à votre demande.

    En cas de refus : porter plainte auprès de la CNIL ou saisir le juge 

    Si Google ne répond ou refuse la demande de déréférencement, il est possible d'adresser une plainte à la CNIL par courrier ou en ligne.

    En plus de l'adresse web du résulat (URL) et les motifs de la demande, il faut joindre impérativement à la plainte :

    • la copie de la demande de déréférencement adressée à Google, 
    • la copie de la réponse le cas échéant. 

    Pour cette raison il faut conserver toutes les preuves du référencement dommageable, de la demande et de la réponse (captures d'écran des formulaires, courriels envoyés ou reçus, courriers etc.).

    Le requérant peut aussi saisir le juge pour demander le déréférencement.

    Concrètement, le requérant saisit le juge par voie d'assignation délivrée par un commissaire de justice à Google.

    Pour obtenir une décision rapide, le requérant peut saisir le Président du Tribunal judiciaire. Le requérant peut lui demander le déférérencement du contenu sur le fondement de l'article 835 alinéa premier du Code de procédure civile

    Il est également possible de saisir le Tribunal judiciaire au fond si la demande suppose une analyse approfondie.

    Attention : la demande de déréférencement préalable à Google de recherche est obligatoire. 

    Tribunal judiciaire

    Quels sont les critères d'appréciation de la demande de déréférencement ?

    Plusieurs critères sont pris en compte par Google pour le traitement de la demande de déréférencement. En cas de refus de déféréférencement, le CNIL ou un juge peuvent vérifier que le moteur de recherche a fait une correcte application des critères.

    Les critères généraux sont les suivants :

    • le rôle dans la vie publique du requérant,
    • l'âge du requérant,
    • le degré d'objectivité de l'information,
    • les conditions de la mise en ligne,
    • le préjudice causé au requérant par les contenus.

    Si le contenu présente des données sensibles 

    La demande est traitée avec une attention particulière si les contenus référencés comportent des données sensibles sur le requérant. Ces données qui touchent à la sphère intime de la personne sont, notamment :

    • l'opinion politique du requérant,
    • ses convictions religieuses,
    • des éléments liés à sa vie ou son orientation sexuelle,
    • son origine raciale ou ethnique.

    Dès lors qu'un site comporte ces données sensibles, Google doit en principe le déréférencer. Par exception, la demande peut être refusée si les informations sont « strictement nécessaires » à l’information du public.

    Le moteur de recherche, dans un premier temps, puis la CNIL ou le juge réalisent ainsi une balance entre deux intérêts parfois contradictoires. Il s'agit d'un côté du droit à la protection des données personnelles dont bénéficie toute personne, et de l'autre, la liberté d'information du public.

    Si le contenu fait mention de condamnations pénales 

    Les informations référencées faisant état de condamnations pénales du requérant font également l'objet d'un traitement particulier.

    Comme pour les données sensibles, Google doit en principe déréférencer les pages qui comportent des mentions d'infractions associées au nom et prénom du requérant. Par exception la demande peut être refusée si les informations sont « strictement nécessaires » à l’information du public.

    Les critères d'appréciation sont notamment la gravité de l'infraction, le temps écoulé ou l'intérêt du public.

    La portée géographique du déréférencement 

    Le déréférencement n'a pour l'heure de portée que dans les territoires de l'Union Européenne.
    Par conséquent un internaute situé aux États-Unis peut toujours accéder au contenu déférencé via Google. De même, un internaute européen qui utilise un moyen pour modifier la localisation de son poste internet (par exemple un VPN) pourrait avoir accès au contenu via Google.